Je souhaite mettre l’intérieur de l’individu au premier plan. Dans mon travail, la forme du personnage (son apparence) sert simplement de châssis, de structure, de bagage qui porte et accueille l’essentiel (le dessin).
Ainsi, les supports habituels du jugement de l’autre que sont l’apparence, l’expression corporelle, le regard, etc. sont ici muets et incitent le regardeur à chercher ailleurs et peut être à s’immiscer dans le labyrinthe intime qui nous compose.
Mon travail est narratif, il raconte l’humain. Je m’intéresse plus précisément au processus de rencontre de l’Autre, au cheminement qui nous mène à lui.
Par les dessins à fleur de peau, j’essaye d’imager et de ramener en surface ce qui est à l’intérieur de nous, ce qui nous a marqué, ce qui nous compose, ce qui nous a construit (appel au passé, au secret, à l’intime). Partant de ce principe, j’imagine que chacun de nous a un dessin qui lui est propre et qui évolue au fil du temps.
La question des titres des œuvres
Je choisi les titres tout à la fin, lorsque le dessin est terminé. Je regarde le résultat et j’essaye de trouver des liens avec un souvenir personnel, avec quelqu’un ou encore avec quelque chose d’important pour moi et que je ne veux pas oublier. En quelque sorte, je matérialise par la sculpture et le dessin un souvenir particulier, ce qui me permet de le conserver différemment que de l’écrire mot à mot sur un papier: c’est une sorte de mise en bocal.
Tidru
« Tidru est un sculpteur paradoxal. Ses sculptures faussement sages semblent cacher un secret. La posture si flegmatique et réservée de ses personnages, leurs silences, leur matière même, lisse, veloutée, satinée, dissimulent une inquiétude, un tourment, un effarement. Et ce qui occulte ces troubles sentiments, c’est étrangement ce que Tidru montre à la surface : un dessin complexe qui couvre en partie le corps nu et le dérobe partiellement aux regards. Cette soustraction à la vue voile et révèle à la fois une étrange complexité. Rarement nous a été donné de voir un dialogue si affirmé entre dessin et sculpture, entre une intériorité discrète et ce que nous percevons objectivement. (…) »
Étienne Yver, 2020
TIDRU est né à Saint-Étienne (FR) en 1986 et vit actuellement en Ardèche. Il est autodidacte.
Le travail exposé est fait de sculptures en terre cuite recouvertes d’un engobe, en général blanc. Après une cuisson à basse température (980°), l’artiste intervient avec des techniques mixtes liées au dessin: aquarelle, crayons de couleur, collage…etc.
Cette exposition se tient dans le cadre du Parcours Céramique Carougeois 2024, 18e biennale de céramique contemporaine. Un évènement organisé par la Fondation Bruckner • centre céramique