Si Catherine Ernst maîtrise tout ce qui tourne autour du dessin et pratique aussi bien le pastel, la gouache (détrempe), l’encre ou l’acrylique, on distingue souvent dans son travail, en particulier dans celui qui fait l’objet de cette exposition, comme en filigrane, la trace de la gravure, technique privilégiée de ses débuts. L’amitié qui les lie, elle et son mari Axel Ernst, à Michel Butor l’amènera à réaliser dans le même esprit, toute une série de livres cosignés avec l’écrivain et ce n’est qu’à la disparition de ce dernier, en août 2016, que s’interrompra leur collaboration, laissant plusieurs projets communs inachevés dont nous retrouvons les prolongements ici.
Tout s’interpénètre et s’influence quand la montagne se botanise, se craquelle, et que le temps orchestre les pulsations et les respirations qui du proche au lointain nous entraînent dans une danse qui est aussi une manière de contempler, un prélude avant de nommer les choses. Il suffit de lire ce que l’on voit et de suivre les « sentiers abandonnés ».
Ainsi, à partir de ces considérations dépliées dans l’espace d’une page, mais qui surgissent dans un instant de conscience en regardant les œuvres de Catherine Ernst, viendrait chez Butor le mot affleurement, en se laissant traverser par les dessins, en se remémorant la force cyclique du mot.
David Collin