Christian Lax aime le vélo qu’il pratique avec passion et comme il est un parfait conteur, quand il s’attache à nous raconter des histoires de vélo, cela donne des petites perles telles L’Aigle sans orteils (2005), les deux époques de Pain d’alouette (2009-2011) ou L’Écureuil du Vél’d’Hiv (2012). Petites perles, car Lax ne se contente pas d’évoquer les exploits de ces forçats de l’effort que sont les champions cyclistes, surtout ceux des époques héroïques, mais ne perd jamais de vue la dimension sociale, donc ce qui relève en quelque sorte de la lutte des classes. Ses champions sont des petites gens issues de milieux populaires et quand ils luttent en course pour une victoire, ils cherchent par ce moyen à échapper à leur condition, à illuminer leur vie.
L’un, Amédée Fario, petit paysan de Campan dans les Hautes-Pyrénées, participe, comme conscrit en 1907, à l’installation du nouveau télescope du pic du Midi de Bigorre et rêve d’exploits cyclistes dans les cols du Tourmalet, d’Aspin ou de l’Aubisque. Il deviendra L’Aigle sans orteils.
Dans Pain d’alouette, un autre, Élie Ternois, fils et neveu de mineurs dans le Pas-de-Calais, s’imagine reprendre le flambeau de son oncle Quentin et parvenir, contrairement à lui, à gagner “la Pascale”, la mythique course de Paris-Roubaix. Tandis que Reine, la fille d’Amédée Fario, orpheline, se reconstruit dans le Tarn, puis rejoint une école de journalisme à Lille et enfin se glisse dans le peloton des hommes du Paris-Roubaix 1933 qu’Élie va terminer à la quatrième place.
Enfin, Sam Ancelin, brillant pistard, exerce son métier sur la piste du Vél’d’Hiv durant l’occupation, et tourne comme un écureuil sur l’anneau de vitesse, chassant la prime, tandis que son jeune frère handicapé, Eddie s’essaie au journalisme, signant ses papiers “L’Écureuil”, tous deux résistant chacun à sa façon et tous deux jouant L’Écureuil du Vél’d’Hiv.
En automne 2023, lors de l’exposition consacrée à l’album L’Université des chèvres de Lax, notre galerie avait déjà présenté quelques originaux du même auteur liés au cyclisme. Cette fois, tout notre espace y est consacré avec non seulement un choix d’originaux extraits des albums, mais aussi des illustrations rares ou inédites, dont plusieurs pour le journal L’Équipe, représentant notamment Pogačar et Roglič.
Les originaux des planches BD sont d’autant plus spectaculaires qu’ils sont “avant la lettre”, soit avant l’incrustation des bulles de texte dans les cases.
Et si cette exposition débute mardi 29 avril, c’est pour être en phase avec le Tour de Romandie cycliste qui se déroulera du 29 avril au dimanche 4 mai avec une dernière étape genevoise constituée par un contre-la-montre. Nous serons donc ouverts ce dimanche-là!